Cette section vise à présenter des leaders pédagogiques et partager les différentes facettes que peut prendre ce rôle. Ce mois-ci, nous vous présentons Joseph-Omer Dyer pht., PhD.
En plus de son rôle de leader pédagogique au CPASS, Joseph-Omer Dyer est professeur agrégé, chercheur en pédagogie des sciences de la santé et récemment responsable des programmes de physiothérapie à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Qu’est-ce qui vous a mené à vous intéresser à la pédagogie médicale?
J’ai été amené à enseigner assez rapidement à la suite de ma formation initiale en physiothérapie. Dès le début de ma carrière, je me suis impliqué activement dans la formation des physiothérapeutes dans le contexte des cours à l’université, mais également en tant que superviseur de stagiaires en milieu clinique (Centre hospitalier de l’Université de Montréal). J’ai alors réalisé toute l’importance de la pédagogie pour bien adapter la formation en fonction du contexte d’apprentissage et des besoins spécifiques des personnes apprenantes. Je me rendais compte à quel point cela faisait une grande différence pour les étudiant.e.s si on prenait le temps de bien planifier l’enseignement et d’adapter notre approche.
Une étape déterminante pour moi a été le passage en 2007 du baccalauréat vers la maîtrise professionnelle aux programmes de physiothérapie de l’Université de Montréal. Nous voulions que cette maîtrise professionnelle mette l’accent sur le développement du raisonnement clinique qui est au cœur de l’expertise des professionnels de la santé. J’ai alors pris l’initiative de me former en pédagogie de l’enseignement supérieur via des cours donnés en éducation pour être mieux outillé et plus compétent dans le développement de cours dans ces programmes. Ces programmes incluent maintenant un continuum baccalauréat-maîtrise professionnelle de formation initiale en physiothérapie, un programme de qualification pour physiothérapeutes formé.e.s à l’étranger, un micro-programme de rééducation périnéale et pelvienne, ainsi qu’un diplôme d’études professionnelles approfondies de physiothérapie avancée en neuromusculosquelettique. Ces différents programmes requièrent des approches pédagogiques diversifiées pour les différents groupes de personnes apprenantes qui y participent.
Une autre étape déterminante est lorsque j’ai pu réaliser un stage postdoctoral en psychologie (cognitive) à l’Université d’Érasme à Rotterdam aux Pays-Bas. Ce stage m’a permis de développer mon autonomie pour développer des activités de formation qui sont basées sur les données probantes sur l’apprentissage. De plus, ce stage m’a permis de développer ma compétence dans la conception d’activités en environnement numérique d’apprentissage. Cette dernière expertise a d’ailleurs été fort utile dans le contexte de la pandémie de Covid-19 où nous avons dû faire basculer nos cours en personne vers des cours en ligne.
Quels sont les thèmes ou les projets liés à la pédagogie qui vous intéressent particulièrement?
Un thème central de mes projets est le développement et le soutien du raisonnement clinique des personnes apprenantes et cliniciennes. Ainsi, j’ai développé des activités réflexives en environnement numérique d’apprentissage (StudiUM) pour favoriser le développement de cette compétence. Je développe également en collaboration et en co-construction avec les parties prenantes (personnes soignantes, patient.e.s) des algorithmes pour soutenir la prise de décision dans la sélection des actions cliniques les plus appropriées à mettre en œuvre selon les situations cliniques. Ces algorithmes sont très utiles pour supporter les personnes apprenantes dans le développement de leur compétence de raisonnement clinique en contexte d’incertitude.
En ce moment, l’intelligence artificielle (IA) doit être considérée dans la formation de nos étudiant.e.s. J’ai commencé à l’intégrer dans mes enseignements et dans mes recherches. L’IA soulève des questions éthiques et déontologiques qu’il importe de considérer sérieusement. Cependant, elle prend de plus en plus de place qu’on le veuille ou non. On se demande aussi comment elle pourra être utile pour soutenir les personnes apprenantes et cliniciennes dans leur raisonnement clinique et le développement de cette compétence. J’ai l’impression que cette question va beaucoup animer nos réflexions en pédagogie dans les prochaines années.
Comment voyez-vous votre rôle de leader pédagogique au sein du CPASS?
En tant que leader pédagogique et tout nouveau responsable des programmes de physiothérapie, mon rôle est principalement de soutenir le corps enseignant de ces programmes en ce qui a trait au développement et à l’évaluation des formations à l’École de réadaptation. Concrètement, j’aide mes collègues dans les aspects très pragmatiques de la conception des activités d’apprentissage (établir les cibles d’apprentissages par compétence, rédaction des plans de cours, activités en classe de pédagogie active), mais également en les appuyant sur les principes théoriques qui doivent guider leur approche pédagogique.
Je suis notamment la personne de référence pour le développement des activités d’apprentissage du raisonnement clinique (ARC, APE, formation par concordance, apprentissage de l’examen physique basé sur les hypothèses). J’encourage également mes collègues à l’École de réadaptation à concevoir leurs activités de formation en considérant les cadres théoriques les plus pertinents pour les guider (ex. : théorie de l’autodétermination, théorie de la charge cognitive, etc.). Finalement, mon rôle est de guider mes collègues vers les ressources (formations, conseillers et conseillères pédagogiques) du CPASS et du Centre de pédagogie universitaire qui pourraient leur être utiles dans leurs rôles. Mon rôle de leader pédagogique me permet d’avoir connaissance des différentes initiatives en pédagogie réalisées à la Faculté de médecine et d’en informer mes collègues si cela peut leur être utile. En ce sens, je me vois également comme un facilitateur ou une courroie de transmission de l’information sur les innovations pédagogiques entre les programmes de physiothérapie, la Faculté de médecine et mêmes avec nos collaborateurs et collaboratrices à l’international.
Mise à jour: 10 juin 2024