Bureau d’évaluation

9 juin 2025

Dans cette infolettre, je souhaite aborder un aspect qui revient régulièrement concernant des commentaires que les étudiants et étudiantes peuvent formuler. J’échange parfois avec des cliniciens et cliniciennes en position de supervision qui sont déçus ou démobilisés par une mauvaise appréciation (ou évaluation) du personnel enseignant. Dans bien des cas, cette mauvaise appréciation se retrouve parmi plusieurs autres positives, mais les personnes lui attribuent un poids important. Elle occupe plus de place dans leur esprit.

Le biais de négativité

Le cerveau humain, en raison de son évolution, est enclin à rechercher et à mémoriser les menaces ou les situations potentiellement dangereuses. Cette réponse est en grande partie une conséquence des mécanismes de survie qui ont évolué au fil du temps. Cette tendance à réagir davantage aux signaux négatifs qu’aux positifs est donc ancrée dans notre fonctionnement cognitif. Dans le contexte des appréciations, cela signifie qu’une critique, même isolée, pourrait être perçue comme plus significative que neuf commentaires positifs.

Implications pour les cliniciens et cliniciennes en position de supervision

Lorsqu’une personne reçoit un feedback majoritairement positif avec une ou deux critiques, il ou elle pourrait avoir tendance à se concentrer sur ces quelques commentaires négatifs, au risque de nuire à l’objectivité dans l’évaluation. C’est un phénomène naturel, mais qui peut être contre-productif. Ce biais peut influencer la manière dont une personne en position de supervision aborde son rôle, en lui faisant accorder une importance disproportionnée à un aspect isolé du feedback, tout en négligeant les éléments positifs.

Pistes pour composer avec ce biais

1. Reformuler les critiques : Lorsque vous lisez un feedback négatif, essayez de le reformuler de manière constructive. Par exemple, au lieu de se concentrer uniquement sur ce qui n’a pas fonctionné, il est utile de voir comment ce retour peut être utilisé pour améliorer votre pratique.
2. Recontextualiser les critiques : Rappelez-vous que la critique est une part de l’expérience d’apprentissage. Une seule critique ne doit pas être interprétée comme une évaluation globale de la performance. Il peut être utile de réfléchir à d’autres contextes ou à des événements similaires pour éviter une généralisation excessive.
3. Analyser les tendances : Il est essentiel de prendre du recul et de voir si un certain nombre de feedbacks similaires apparaissent avant de donner trop de poids à une seule critique. Cela permet de discerner si le commentaire négatif fait partie d’une tendance plus large ou s’il s’agit simplement d’un cas isolé.

Conclusion

Le biais de négativité est un phénomène qui peut affecter la manière dont les personnes qui supervisent perçoivent les feedbacks des étudiants. En prenant conscience de ce biais, en adoptant des stratégies de régulation émotionnelle et en réévaluant les critiques de manière constructive, il est possible d’éviter que ces retours n’aient un impact disproportionné. Après tout, comme me le disait un conseiller pédagogique du CPU, « on ne peut pas plaire à tout le monde! »

Rebecca Maftoul

Directrice du bureau d’évaluation

Pour me rejoindre : medecine-bev@umontreal.ca
Site web: bev.umontreal.ca
   
Piste de lecture sur le sujet: Thinking, Fast and Slow (2011), Daniel Kahneman –
Kahneman explore en profondeur les biais cognitifs, y compris le biais de négativité, et explique comment les individus prennent des décisions, parfois irrationnelles, à cause de ces biais. Ce livre peut aider à mieux comprendre les mécanismes cognitifs en jeu.

Mise à jour : 9 juin 2025